Ici, c'est Corserey
Depuis le 1er janvier 2020, Corserey fait partie de la commune de Prez.
Armoiries de l'ancienne commune
« Ecartelé de gueules
et d’azur »
telle est la description des armoiries de l’ancienne commune de Corserey.
Quelle est l’origine de ces couleurs?
Selon le généalogiste et héraldiste Frédéric-Théodore Dubois, il s’agit des armoiries apocryphes des seigneurs de Belp-Montagny, dont dépendait Corserey. Dans un article sur la seigneurie de Montagny, Stefan Jäggi explique les liens unissant les deux familles: « Vraisemblablement après 1127, dans le cadre de leur politique bourguignonne, les ducs de Zähringen établirent une branche de la famille noble de Belp à Montagny, dont la position stratégique permettait de s'assurer le contrôle du prieuré de Payerne et de la route reliant le Léman au Rhin ». Les deux seigneuries de Montagny et de Belp furent formellement séparées en 1277, à l’occasion du partage de l’héritage d’Aymon de Montagny entre ses deux fils.
Après les guerres de Bourgogne, Montagny devint un bailliage de Fribourg et prit les armes des anciens sires qui occupaient son château. Lorsque Corserey devint à son tour un bailliage, en 1525, on lui aurait attribué les armoiries des seigneurs de la branche de Belp.
Ce blason est très ancien puisqu’on le trouve déjà vers 1536 sur le vitrail aux armes de Fribourg et des bailliages de Hans Funk.
Origine du nom
Henri Jaccard, dans son “Essai de toponymie”, écrit que le nom de Corserey viendrait de «curtiacum», domaine d’un certain Curtius, gentilice romain.
Mais Paul Aebischer, autre référence en matière de toponymie, rejette cette explication sans en proposer une autre.
Une nouvelle interprétation apparaît dans le “Dictionnaire toponymique des communes suisses” (2002) : Corserey serait formé du nom commun roman corte signifiant «ferme, domaine agricole, hameau» (latin cohorte «espace clos»), qui désigne des fondations du VIe siècle, et d’un nom de personne germanique. Selon une proposition de Wulf Müller, ce dernier pourrait correspondre à «Saro-hari», formé sur la base sarva, «armure».
Toponymie
Dans le Regeste de l’abbaye d’Hauterive (RH) ou dans les Grosses de Montagny (GM) :
1150 Corserei RH no 51
1288 Corserez RH no 779
1322 Corserer RH no 1045
1322 Corserey RH no 1048
1331 Corserie RH no 1146
1335 Corseyrey RH no 1185
1445 Corserel RH no 2163
1525 Corcereyr Grosse 122
1552 Corcerey Grosse 107
1692 Corseray Grosse 37
1525, AEF, Grosse de Montagny 122
Le dessinateur aimait bien s'amuser : observez l'intérieur du C !
Historique de 1150 à nos jours
FRISE CHRONOLOGIQUE
LA GUERRE ENTRE FRIBOURG ET LA SAVOIE
1150
1476
L'ACHAT DE CORSEREY PAR FRIBOURG
LA FIN DE L'ANCIEN RÉGIME
AU MOYEN-ÂGE
LES
GUERRES DE BOURGOGNE
1447
1525
2019
1798
1834
DÉBUT DE LA COMMUNE
FIN DE LA COMMUNE
Au Moyen Âge
C’est vers 1150, dans le livre des donations d’Hauterive, qu’on trouve pour la première fois la mention de Corserey, ou plutôt de Corserei. On peut y lire que Conon d’Estavayer fait don à l’abbaye d’Hauterive de toutes les terres que tenait son vassal Philippe de Cottens à Lentigny, Corserey, Berlens, Onnens et Cottens.
A la fin du 12ème siècle, le territoire de Corserey était partagé entre plusieurs seigneurs, notamment les sires de Montagny. Cette seigneurie importante comprenait les territoires de Montagny, Léchelles, Belfaux, Ponthaux, Mannens, Grandsivaz, Seedorf, Noréaz, Nierlet, Lovens, Corsalettes, Lentigny, Gletterens, Dompierre, Domdidier, Russy, Misery, Prez et Corserey. Ces trois derniers villages furent vendus plus tard et formèrent de nouvelles seigneuries.
S’agissant de Corserey, la transaction fut conclue avec Aymon de Prez vers 1270.
Le 6 avril 1334, Richard de Prez vendit les biens et revenus qu’il avait dans les lieux de Prez et Corserey pour le prix de 2261 livres de Lausanne à Louis de Savoie, seigneur de Vaud.
Obligation de Louis de Savoie envers Richard de Prez,1336 Archives de Turin (coll. privée)
La guerre entre Fribourg et la Savoie
En 1447, une guerre mit aux prises Fribourg, d’une part, et Berne et la Savoie, d’autre part. Fribourg, qui dépendait du duc d’Autriche, n’était pas encore un canton. Son territoire comprenait la ville ainsi qu’une ceinture composée d’une vingtaine de paroisses qu’on appellera plus tard les «Anciennes terres».
Toutes les villes et seigneuries du pays de Vaud, ainsi que les villes de Morat, Payerne et Estavayer soutenaient le duc de Savoie. Vers Noël, les Fribourgeois assiégèrent le château de Montagny. La petite ville fut presque entièrement détruite par le feu. Fribourg envoya
par la suite des soldats pour incendier les maisons dans les villages de la seigneurie de Montagny, à Lentigny, Torny-Pittet, Noréaz, Seedorf, Middes, Ponthaux, Chandon et Corserey. On leur donnait un florin par maison brûlée.
Les villes ont par la suite éprouvé le besoin de mieux se protéger. C’est ainsi que les autorités de Payerne demandèrent en 1448 aux villages de St-Aubin, Prez et Corserey, en tant que territoires limitrophes, de participer à la fortification de leur ville.
Les guerres de Bourgogne
Les guerres de Bourgogne mirent aux prises d’une part les Confédérés avec leur alliée Fribourg et d’autre part le duc de Bourgogne Charles le Téméraire, allié de la Savoie. A trois reprises, à Grandson, à Morat et à Nancy, Charles le Téméraire fut battu. En tant que sujets de seigneurs vassaux de la Savoie, les habitants de Corserey étaient du côté des vaincus alors que les habitants des villages voisins, qui faisaient partie des Anciennes terres, figuraient parmi les vainqueurs. Cette proximité eut des conséquences fort pénibles pour les villages savoyards. Après la victoire de Morat en 1476, des troupes de Bernois et de Fribourgeois saccagèrent le Pays de Vaud et s’emparèrent de 16 petites villes dont Romont, Payerne, Moudon. Corserey, dont les terres étaient partagées entre les seigneurs de ces villes, a subi les méfaits des pillards. Le village fut incendié en 1477 et il semblerait que les habitants de Corserey aient alors délaissé leurs terres pour émigrer en masse vers le pays de Vaud (Chapelain Joseph Wicht, 17 novembre 1870, Société d’histoire de Fribourg).
Sommée de verser une grosse indemnité de guerre, la Savoie céda Montagny pour payer une partie de sa dette. Celle qui fut l’une des plus puissantes seigneuries au Moyen Âge devint alors un bailliage de Fribourg. Pratiquement tout le territoire actuel de la Sarine et de la Broye fut rattaché à Fribourg et entra dans la Confédération en 1481. Mais pas Corserey…
Charles le Téméraire, vers 1462
L'achat de Corserey par Fribourg
Au début du 16ème siècle, les terres de Corserey étaient toujours propriété de différents seigneurs vassaux de la Savoie: Jean de Grilly, prieur de Villars-les-Moines, Jean Fabri de Romont, Jean de Trevaul, Jean Champion de Romont, François de Billens, les filles de noble Pierre Roberti de Payerne. En 1525, à la suite de diverses donations, ventes ou échanges, l’abbaye de Payerne se retrouva propriétaire d’une grande partie du territoire de Corserey. C’était le temps de la Réforme. Le couvent engagea alors des tractations avec le gouvernement de Fribourg, défenseur de la foi catholique, pour la vente de Corserey. L’achat fut décidé par le Conseil des Deux-Cents dans sa séance du 16 avril 1525 pour un montant de 6600 florins de Savoie.
Les archives de l’Etat de Fribourg sont en possession d’une quittance signée par le prieur de l'abbaye de Payerne et remise à Leurs Excellences de Fribourg pour le fief de Corserey le 23 avril 1526.
Corserey échappa donc de justesse à la conquête du Pays de Vaud par les Bernois (1536).
Une autre partie de la seigneurie de Corserey appartenait à Pierre Amann, qui vendit également ses droits à Fribourg pour 632 livres 10 ans plus tard.
Entre 1525 et 1585, Corserey constitua l’un des plus petits bailliages fribourgeois. Une vingtaine de baillis s’y succédèrent, exerçant leur charge depuis la capitale, où ils résidaient. En 1585, le bailliage prit fin et fut réuni à celui de Montagny jusqu’à la chute de ce dernier en 1798.
1526, quittance de 1000 écus pour la vente de Corserey
Archives de l'Etat de Fribourg
Un château à Corserey ?
Corserey possédait-il un château, siège du bailli? Aucun texte n’en fait mention mais deux cartes datant de 1578 montrent une construction avec tours à l’emplacement de Corserey.
carte de Wilhelm Techtermann
pour en savoir plus sur les cartes
carte de Thomas Schoepf
Y avait-il ici un château plus ancien? A-t-il brûlé en 1447, lors de la guerre de Savoie, lorsque le village a été incendié par les Fribourgeois? Ou en 1477? Nous n’en savons rien. Derrière l’église, sur la pente descendant en direction de Grandsivaz, on trouve encore aujourd’hui une cave semi-enterrée nommée « cave du château ». Les villageois se souviennent aussi d’une grange voisine qu’ils appelaient « grange du château » et qui a brûlé dans les années 1960.
Selon le chapelain Joseph Wicht, à la fin du 19ème siècle, sur l’emplacement probable du château, se dressait un vieux manoir habité en 1729 par deux femmes âgées, de la famille Python de Torny. Après qu’en 1870 un ouragan eut emporté le toit recouvert d’anciennes tuiles vernissées, semblables à celles du château de Corbières et de l’église St-Jean, la construction a été gravement endommagée et a fini par s’écrouler.
La fin de l'Ancien Régime
De 1798 à 1803, Corserey est rattaché au district de Payerne; de 1803 à 1815 à l’arrondissement de Montagny, de 1815 à 1848 à l’arrondissement de Fribourg et à partir de 1848 au district de la Sarine.
Un premier conseil communal de cinq membres est élu par les citoyens en 1848. Le Conseil d’Etat nomme le syndic en la personne de Jean-Laurent Donzallaz, domestique de son état. C’était semble-t-il le seul radical de la commune!
Les syndics entre 1834 et 2019
Corserey a été une commune autonome entre 1834 et 2020. Un tableau donnant la liste de tous les syndics avait sa place dans la petite salle de l’école déjà dans les années 1940. Il a été continuellement mis à jour. Il est aujourd’hui complet (si l’on excepte les deux dernières années marquées par la présence d’un syndic ad interim désigné par la préfecture).
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Document réalisé par Pierre Castella
archives communales et paroissiales
Les archives de Corserey comprennent des parchemins, des manuscrits, des livres de comptes, des cadastres, des procès-verbaux, etc. Elles ont plus ou moins bien traversé les siècles. D’abord stockées dans l’ancienne chapelle, elles ont été triées au moment de sa démolition. Celles qui avaient trait à la vie paroissiale ont été déposées à l’église tandis que les autres ont trouvé place dans le galetas de l’école. En réalité, les distinctions ne sont pas si claires et les documents antérieurs à 1900 mériteraient d’être regroupés.
Un premier inventaire a été établi en 1678 en présence « de tous les honorables communiers ». Il décrivait 36 documents dont la grande majorité ont été conservés jusqu'à nos jours.
Adrien Vuarnoz, un ressortissant de Corserey, a établi un autre inventaire entre 1947 et 1948. Apparemment resté à l’état de brouillon, ce répertoire comprend une septantaine d’entrées.
Un nouvel inventaire, informatisé, est en cours d’élaboration. Les documents les plus anciens ont été mis dans des boîtes ad hoc.
Vous en trouverez quelques exemples dans la galerie ci-dessous.
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